Les liaisons ferry 2017


Frédérique Turbout

Le transport maritime passagers entre les deux rives de la Manche change régulièrement de configuration au gré des fermetures et ouvertures de liaisons entre les ports français et britanniques, mais aussi irlandais et espagnols. En effet, depuis quelques années, dans le cadre des efforts européens visant à développer les autoroutes de la Mer, les liaisons avec les ports espagnols ont été soutenues par le biais d'aides européennes et certaines compagnies ont ainsi bénéficié de subventions dans le cadre du programme Marco Polo ; ce fut le cas de la compagnie LDA (Louis Dreyfus Armement) sur la ligne Montoir-Gijon. Cette multiplication des liaisons fret mais aussi passagers à destination des ports espagnols au départ des ports de l'espace Manche est l'une des principales nouveautés observées dans le paysage du transport transmanche de passagers.

1. État des lieux des lignes et compagnies transmanche

 

En 2017, six compagnies maritimes sont présentes sur le transmanche avec un réel partage de cet espace maritime. En réalité l'organisation des compagnies suit une logique de territoires : la zone du détroit est occupée par deux grandes compagnies maritimes, DFDS Seaways, groupe danois ayant repris l'exploitation des lignes détenues avant 2012 par LD Lines et assurant ainsi les liaisons au départ de Calais, Dieppe et Dunkerque à destination de Douvres et Newhaven. À cette compagnie qui a su s'imposer sur cette portion de la Manche s'ajoute la compagnie P&O, qui assure sur le détroit une liaison toutes les heures, et ce depuis près de 20 ans.

De l'autre côté de la Manche, à l'Ouest, deux compagnies se partagent le transport de passagers : d'une part, la compagnie Condor Ferries qui assure le transport passagers à destination des îles Anglo-Normandes au départ de Saint-Malo vers Poole et Portsmouth via Jersey ou Guernesey ; d'autre part, la Brittany Ferries qui depuis 1978, assure le transport fret et passagers dans la partie ouest de la Manche au départ des ports de Caen-Ouistreham, Cherbourg, Saint-Malo et Roscoff. Enfin les liaisons vers l'Irlande sont assurées par deux compagnies principalement : Irish Ferries et Stena Line.

Au total, ce sont quelques 70 rotations journalières qui s'effectuent entre les deux rives de la Manche, le détroit concentrant la majeure partie du trafic. Cette répartition des opérateurs semble se stabiliser après presque 15 années de concurrence rude ponctuée de fermeture de lignes, de rachats de compagnies et de disparition de nombre d'entre elles.

2. Nouveaux enjeux

Dans ce paysage des lignes et des compagnies de ferry, les nouveaux enjeux à venir concernent le développement de la combustion propre et le respect de l'environnement.

La directive européenne Marpol VI entrée en vigueur en janvier 2016 concernant la limitation de l'émission de soufre pour les moteurs des navires circulant en Manche a marqué une première étape. Le choix a été fait par plusieurs compagnies d'équiper leurs navires de scrubbers (épurateurs de fumée permettant de réduire les émissions d'oxyde de soufre dans les gaz d'échappement). Ces modifications techniques des modes de combustion représentent un investissement important pour les compagnies transmanche. D'autres solutions existent dont les navires utilisant le gaz naturel liquéfié (GNL). Brittany Ferries vient ainsi de s'engager auprès d'un chantier naval allemand pour la construction d'un navire GNL. Il serait mis en service d'ici deux ans sur la ligne Caen-Ouistreham–Portsmouth en rotation avec le Mont-Saint-Michel.

Ces changements de mode de propulsion des navires passagers en Manche font parti des enjeux majeurs que les compagnies vont devoir gérer dans les prochaines années. Ils représentent une charge financière lourde pour les compagnies alors même que le maintien d'un trafic fret et passagers important permettant d'assurer cette reconversion technologique n'est pas assuré. La récente sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est le second enjeu auquel les compagnies maritimes vont devoir faire face même s'il est encore trop tôt pour en mesurer les conséquences.

Le paysage du transmanche ferry qui tendait à se stabiliser risque à nouveau d'être modifié dans les prochains mois.

Haut