Migrations


Frédérique Turbout

 

Passage d'une île vers un continent, la mer de la Manche remplit le rôle de trait d'union entre les deux rives qui la bordent. Passer de l'autre côté pour travailler, y étudier, échanger, commercer, ou tout simplement découvrir est une réalité quotidienne pour nombre d'individus, les traversées de passagers ferry en témoignent. Dans cet espace transfrontalier maritime, les migrations de population peuvent revêtir différentes formes, choisies, subies, clandestines, légales, temporaires, définitives, mais quelles qu’elles soient, elles entraînent invariablement de profondes modifications des rapports sociaux-spatiaux tant pour les personnes que pour les espaces qu'elles concernent.

Dans l'Espace Manche, les migrations de populations sont nombreuses, parfois difficiles à dénombrer précisément, mais les mouvements existent et perdurent depuis des siècles. Aujourd'hui, si les migrations clandestines au départ des ports français du Détroit vers les côtes anglaises font parfois les honneurs de l'actualité, les migrations de jeunes et de plus âgés sont également au cœur des mouvements de population transmanche.

Les migrations sont avant tout celles de jeunes à la recherche d'un emploi, d'échanges d'étudiants dans la cadre de programmes européens ou de travail en alternance entre les deux pays grâce au développement des liaisons rapides entre les deux rives et entre les deux capitales nationales. D'autres formes de migrations viennent s'ajouter à ces dernières, celles des retraités ou futurs retraités attirés par des prix du foncier attractif, de nouveaux lieux de vie proches de leur pays d'origine. Migrations définitives, temporaires essentiellement volontaires, les mouvements de populations qui animent la zone transmanche sont une des composantes majeures de cet espace transfrontalier maritime européen. La mer n'est plus une frontière, elle devient une passerelle vers l'autre.

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