Un espace fortement occupé (2011)
Frédérique Turbout
49,8 millions d'habitants. C'est le chiffre total des populations cumulées de la Belgique, du Portugal, de la Grèce et des Pays-Bas. C'est aussi le dernier chiffre du total de population issu du recensement français et britannique pour la totalité de l'espace Manche. Cet espace cumule à lui seul une population équivalente à celles de quatre pays européens.
1. Répartition de la population
L'espace Manche fait se côtoyer deux façades maritimes densément occupées et leurs hinterlands respectifs. Le sud anglais fait ainsi face au nord-ouest français. Cette juxtaposition entre un « Sud » et un « Nord » se lit à travers les répartitions de la population dans les territoires transmanche. Le Sud anglais attractif concentre de fortes densités de population qui sont amplifiées par la présence de l'une des plus importantes métropoles européennes, Londres, et de son aire d'influence qui couvre la quasi-totalité du sud britannique. Sur l'autre rive, les régions du nord-ouest français portent des concentrations de populations moindres, même si elles restent importantes le long des littoraux soumis, comme partout dans le monde, à de fortes pressions démographiques. Une fois encore, la présence de la capitale et de sa région tout entière renforce le poids des densités observées, mais le schéma est plus diffus côté français que chez le voisin britannique. L'étalement urbain se lit autour des grandes aires métropolitaines des deux côtés de la Manche alors que l'opposition urbain/rural est également visible. Des similitudes se font jour, tout autant que des différences avec cependant un trait commun aux deux rives : une concentration importante de population en bordure du littoral.
2. Attractivité littorale et urbaine
Les densités d'habitants sont très variables selon qu'on se rapproche ou qu'on s'éloigne du littoral de la Manche ou d'une aire urbaine importante. Les plus faibles concentrations de population, inférieures à 100 habitants au km2, ne se retrouvent que du côté français, dans l'Orne avec 47,8 hab./km2, l'Aisne 73,3 hab./km2, la Manche, les Côtes d'Armor, la Somme ou l'Eure. À l'inverse, les plus importantes densités s'observent côté anglais dans les Unitary Authorities : Medway, Torbay, Poole, Plymouth, Brighton, Reading, Bristol, Bournemouth, Portsmouth, Southampton... Ces Unitary Authorities qui correspondent aux principales aires urbaines en Angleterre portent des densités de population dépassant généralement les 2 000 hab./km2.
Dans de moindres mesures, on observe également des densités élevées dans les territoires français. Ces zones correspondent toutes aux principales aires urbaines de Rouen, Le Havre, Amiens, Caen, Rennes, Brest et Lorient. Il faut également souligner le fait que la quasi-totalité des départements français, exceptés ceux de la couronne parisienne, affichent des densités inférieures à 200 hab./km2. En moyenne, si on exclue les deux « régions - métropoles » Greater London et l'Île-de-France, les densités moyennes ne dépassent pas 400 hab./km2. Côté anglais, sur les quelques 49 456 km2 que représentent les territoires transmanche, la densité moyenne de la population en 2011 est de 351,4 hab./km2. En France, le rapport est deux fois moins important avec une moyenne de 140,1 hab./km2 répartis sur un territoire deux fois plus grand, soit 88 929 km2. Enfin, en moyenne, dans toute la zone transmanche, la densité est de 215,6 hab./km2.
L'espace Manche, fort de ces 49,8 millions d'habitants, est une zone de forte concentration des populations appuyée en cela par les grandes aires urbaines internationales, nationales et régionales qui jalonnent les territoires transmanche. Les concentrations de population sont importantes côté anglais de la zone, et plus particulièrement autour de la métropole londonienne, reflétant l'attractivité de cette dernière. Ce contraste entre les deux rives est aussi à mettre sur le compte d'une situation géographiquement opposée : un sud attractif (anglais) faisant face à un nord (français). Ceci n'empêche aucunement l'attractivité croissante des espaces littoraux. Ils restent d'un côté comme de l'autre de la Manche, des espaces où la pression démographique est forte et tend à le rester, voire augmenter au fil des ans.
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