Les liaisons ferry (hiver 2006)
Frédérique Turbout
La configuration des lignes de ferries évolue peu d'une saison à l'autre même si le calme apparent du paysage maritime transmanche se trouve parfois bouleversé par les ouvertures et fermetures de lignes. La saison hivernale 2005-2006 est ainsi marquée par une probable fermeture de lignes en Manche Est et la reprise d'une liaison par un nouvel opérateur en Manche centrale.
L'entrée dans l'hiver se caractérise par l'interruption des liaisons rapides entre la France et l'Angleterre, les lignes continuant à fonctionner avec des navires classiques, plus adaptés aux conditions de navigation hivernales. Seule exception à cette règle, les liaisons rapides de la compagnie Condor Ferries avec les îles Anglo-Normandes sont maintenues. À l'inverse un opérateur arrête régulièrement son activité durant l'hiver, la compagnie Hoverspeed. Il semblerait que cette année, cet arrêt se veuille définitif, la compagnie enregistrant de lourdes pertes d'exploitation, de l'ordre de 2,8 millions d'euros. Opérant au coeur d'une zone fortement concurrentielle, le détroit, elle tente de se maintenir face à des opérateurs de grande envergure tels que P&O Ferries et SeaFrance qui, chaque jour, assurent 40 rotations de navires entre Douvres et Calais. Après 30 ans de transport régulier de passagers entre les deux rives de la Manche, Hoverspeed, qui rapellons-le avait déjà mis fin à ces liaisons par hovercraft en octobre 2000, est en attente d'un éventuel repreneur, faute de quoi elle risque de disparaître définitivement du paysage maritime en Manche Est.
A contrario, en Manche centrale, une ligne que l'on pensait condamnée avant l'été est à nouveau en service. En effet, en concentrant ses activités en Manche Est et mer du Nord la compagnie P&O Ferries avait abandonné à ses concurrents son activité en Manche Ouest et Manche centrale. Si Brittany Ferries avait repris l'exploitation de la ligne au départ de Cherbourg, la liaison entre Le Havre et Portsmouth, avec un trafic annuel estimé à quelques 600 000 passagers et 50 000 camions, risquait de s'interrompre, faute de repreneur.
Depuis le début du mois d'octobre dernier, la ligne est à nouveau en service et s'accompagne de l'entrée d'un nouvel opérateur dans le paysage transmanche. Grâce aux efforts conjugués de la mairie du Havre, de la Chambre de commerce et d'industrie et du port autonome, l'armateur français Louis Dreyfus, opérant jusqu'alors en Méditerrannée, s'est porté repreneur de la ligne entre Le Havre et Portsmouth. Un navire d'une capacité de 1 850 passagers et 120 camions assurera deux liaisons quotidiennes. Nouvel arrivant sur cet espace maritime convoité, Louis Dreyfus Lines envisage, si les résultats sont satisfaisants, d'étendre son activité en Manche en se positionnant sur des liaisons vers les ports anglais, vers l'Irlande et vers l'Espagne.
Cette dernière destination habituellement fermée durant l'hiver, est maintenue cette saison. On peut y voir une illustration de la lutte pour de nouvelles parts de marché qui se joue dans la zone transmanche entre les deux principaux opérateurs, Brittany Ferries et P&O Ferries. Cette dernière maintient active durant l'hiver sa liaison entre Portsmouth et Bilbao, Brittany Ferries assurant une rotation hebdomadaire entre Santander et Plymouth.
Au total, 12 opérateurs assurent 22 liaisons différentes entre les côtes françaises et britanniques. Plus de 60 rotations – les deux tiers au niveau du détroit – ont lieu quotidiennement, auxquelles il faut ajouter 20 rotations hebdomadaires supplémentaires. L'arrivée d'un nouvel opérateur risque de relancer la concurrence.
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