La population étrangère dans l'Ouest de la France
Gwenaëlle Lerouvillois, Katia Nigaud
Il existe de fortes variations au niveau de la population étrangère. Ce sont les régions du Nord–Pas-de-Calais et de la Picardie qui concentrent le maximum d'étrangers avec respectivement 198 450 et 79 668 personnes recensées en 1982. Elles se maintiennent en 1990 avec 165 852 et 75 692. Pour la période 1982-1990 c'est la région Nord–Pas-de-Calais qui perd le plus d'individus avec une chute de 32 598 habitants. C'est le département du Nord qui perd le plus d'étrangers soit 24 645. La Picardie, quant à elle, connaît aussi une baisse mais moins significative : -4 170 personnes sur la période. Ce sont notamment les départements de l'Aisne (-2 236) et de l'Oise (-2 000) qui en sont les causes.
Deux séries d'évolutions concernent la population étrangère entre 1982-1990 : les régions et les départements qui attirent les étrangers et ensuite ceux qui « les font fuir ». Ainsi, trois groupes se mettent en place : celui de la Bretagne et de la région Loire-Atlantique connaissant une recrudescence d'étrangers, puis les espaces de la Haute-Normandie et de la Basse-Normandie qui ont des évolutions modérées (1 114 étrangers supplémentaires) voire stagnante pour la seconde (+ 16 personnes). Enfin le Nord Pas-De-Calais et la Picardie perdent le plus d'individus sur la période.
À l'échelle départementale, le Nord connaît la plus forte concentration de population étrangère, cela tient au fait que c'est un espace frontalier entre la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne. En effet, en 1982, le Nord compte 159 762 étrangers et en 1990, 135 117. D'autre part, c'est une zone de transit et de voies de communications intenses. Le maillage d'autoroutes, TGV et la présence du couloir maritime le plus fréquenté du monde font du Nord une des plaques tournantes de l'Union européenne désormais proche des grandes villes comme Londres, Bruxelles, Rotterdam et Cologne. Cependant ce mouvement connaît un tassement dans la période, on suppose que sa situation en tant qu'espace de transit joue en sa défaveur. Les étrangers les moins représentés se situent dans la Mayenne en 1982 (2 177) et en Vendée en 1990 (3 138).
À l'inverse, c'est au Nord–Pas-de-Calais et en Picardie que la proportion d'étrangers est la plus forte sur l'ensemble des zones étudiées avec en 1982, 5,00 % d'étrangers en Nord–Pas-de-Calais et 4,56 % en Picardie. En 1990, 4,20 % de la population totale est étrangère en Nord–Pas-de-Calais et 4,23 % en Picardie. Cela est essentiellement dû à leurs situations particulières d'espaces frontaliers.
Alors que les départements de la Somme et de l'Aisne disposent de densités et d'effectifs modérés, la région Nord, englobant le Nord–Pas-de-Calais et la Picardie, est fortement peuplée. Beaucoup d'étrangers sont présents dans les usines textiles de l'espace lillois, dans les mines et les industries lourdes notamment des Polonais et des Italiens.
L'évolution du nombre d'étrangers sur la période fait apparaître des chiffres étonnants : ce sont les régions de la Picardie et plus encore du Nord–Pas-de-Calais qui perdent le plus d'étrangers sur la période avec respectivement -4 170 habitants et 32 598 habitants dont 24 645 pour le département du Nord–Pas-de-Calais. À lui seul l'arrondissement de Lille contient près de la moitié des étrangers particulièrement à Roubaix. La chute des effectifs étrangers est due à la faible attractivité de la région. Il s'est opéré un renversement de situation : ce sont les Français qui vont travailler dans les pays voisins.
Au niveau départemental, c'est l'Oise, dans la région Picardie, qui détient le maximum en 1982 et 1990 avec 7,02 % et 6,16 % de la population totale du département qui est étrangère. Suivi de près par le département du Nord avec respectivement pour 1982 et 1990, 6,33 % et 5,33 %. Le minimum est détenu par les Côtes-d'Armor en Bretagne avec seulement 0,46 % en 1982 et 0.66 % en 1990. De façon globale les taux les plus faibles sont en Bretagne puis en Basse-Normandie et en région Loire-Atla,tique.
À l'échelle cantonale, nous remarquons que les étrangers sont les plus représentés dans les cantons de Lille pour 1982, 15 358 individus et 16 312 en 1990. Puis vient Tourcoing, malgré une diminution, avec 14 107 individus en 1982 et 10 835 en 1990. Dans les cantons du Havre et de Nantes, les étrangers sont également présents, avec une moyenne de 10 300 individus. Puis viennent Rennes, Rouen, Caen et Le Mans. Ce sont les cantons de Ouessant dans le Finistère, de Saint-Lô Est et d'Isigny-le-Buat dans la Manche où l'on enregistre les chiffres les plus faibles c'est-à-dire de l'ordre de un à deux étrangers.
Ainsi, la part d'étrangers est comprise en moyenne entre 2 et 3 % avec un pic pour Vernon en Seine-Maritime où 12,9 % de la population totale est étrangère. D'autre part, il existe une forte diminution de la part des étrangers dans la population totale pour les cantons des Pieux dans la Manche et Saint-Valéry en Seine-Maritime. En effet, pour Les Pieux en 1982, on dénombre 8,28 % d'étrangers dans la population totale contre 2,76 % en 1990. Pour Saint-Valéry, 8,8 % en 1982 et 1,57 % en 1990. Cette chute de la part des étrangers dans la population totale peut s'expliquer par l'effet conjoint d'une augmentation de la population totale et/ou une baisse de la population étrangère. Par exemple pour le canton des Pieux on dénombrait 9 676 individus et 11 709 en 1990. En ce qui concerne les étrangers on en comptabilisait 802 en 1982 et 324 en 1990. Ainsi la part des étrangers dans la population totale décline fortement.
Compte tenu de ces chiffres la part des étrangers dans la population totale sur la période en a été affectée. En effet, ce sont dans les régions citées précédemment où la part d'étrangers est la plus forte avec notamment la Bretagne (0,15 % de la population totale de la région est étrangère) et les plus faibles avec le Nord–Pas-de-Calais (-0,86 %) et la Picardie (-0,39 %). Plus précisément il s'agit des départements du Morbihan où 0,25 % de la population totale de ce département est étrangère, de l'Eure (0,22 %), de l'Ille-et-Vilaine (0,19 %) et de l'Oise (-0,86 %). Globalement on remarque une tendance à la baisse du nombre d'étrangers dans les zones étudiées (-0,55 %).
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