Les liaisons maritimes sur les îles Anglo-Normandes pendant l'été 1999


Christian Fleury

Les compagnies et leur stratégie

Deux compagnies se partagent depuis plusieurs années le trafic passagers impliquant les îles Anglo-Normandes. Emeraudes Lines, armement malouin d'abord voué à la croisière côtière entre Rance et cap Fréhel a progressivement intégré dans son développement la liaison avec les îles Anglo-Normandes. Désormais en situation de monopole sur la côte Ouest du Cotentin (en partenariat avec la compagnie Alizés Côtes des Îles), elle partage le marché du « cordon ombilical » Jersey–Saint-Malo, seule relation permanente entre les îles et la France, avec l'armateur guernesiais Condor, dotée comme elle de ferries rapides capables de parcourir les quelques 60 kilomètres de la traversée en un peu plus d'une heure. La compagnie insulaire contrôle le trafic ferry entre la Grande-Bretagne et les îles.

Mais l'événement de l'été 1999 est l'arrivée de Channel Hoppers, nouvel opérateur sur une liaison Grande-Bretagne–îles Anglo-Normandes–France (Torquay-Aurigny-Cherbourg), dont il sera intéressant de quantifier les bilans en fin d'exercice. Sa démarche se situe clairement dans le contexte de suppression des duty free qui voit les îles Anglo-Normandes se constituer dans ce domaine comme dans d'autres en espace dérogatoire au sein de l'espace économique européen. On peut se demander si cette tendance n'est pas amenée à s'étendre, on peut penser à la liaison Saintt-Malo–Portsmouth. Cette stratégie rappelle celle déjà en vigueur en mer Baltique pour les ferries assurant la liaison Stockholm-Helsinki et qui transitent fort opportunément par l'île finlandaise d'Aland qui bénéficie d'un statut dérogatoire sur le duty free.

La structure des liaisons : la Basse-Normandie parent pauvre des relations avec les îles Anglo-Normandes

Les deux capitales, Saint Hélier (Jersey) et Saint Peter (Guernesey) sont également les deux principaux pôles portuaires anglo-normands. Saint-Malo constitue l'unique point d'ancrage continental intégrant à la fois passagers et véhicules. Du côté britannique, ce trafic est partagé entre Weymouth et Poole. Il faut insister sur le lien ténu qui relie les îles et le Cotentin pourtant deux fois plus proche que la Bretagne. L'absence de port en eau profonde affranchi des conditions de marée, tant à Carteret qu'à Granville, interdit l'accès de ces deux ports à des unités transportant des véhicules. La quotidienneté estivale des relations n'a été assurée dans aucun des ports de la côte Ouest. Dans ce contexte morose du côté normand, l'été 1999 a été de plus marqué par l'avarie du Normandie Express, dont la mise hors service a entraîné une interruption du trafic pendant plusieurs semaines.

Plus que jamais, la Basse-Normandie est le parent pauvre des relations avec les îles Anglo-Normandes. Déjà patent en été, ce déficit, devient criant dès la mi-octobre lorsque cessent pour de longs mois toute relation maritime entre le Cotentin et ses proches voisines insulaires.

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