Cette représentation cartographique fait apparaître clairement une opposition entre les structures démographiques du Sud Anglais et du Nord-Ouest français analysés ici au niveau des zones d'emploi. La classification, nécessairement grossière, en deux classes, à l'avantage de souligner le maximum de contraste.

Deux classes sont identifiées : la première représentée en rose illustre la prépondérance des classes d'âge de 0 à 40 ans sur les classes âgées de plus de 40 ans. La classe représentée en bleu indique des conditions inverses.

Deux situations s'opposent :

En Angleterre : les travel to work areas (TTWA, équivalent des zones d'emploi françaises) dans lesquelles les catégories d'âge les plus jeunes dominent, se situent dans l'aire d'influence de la métropole londonienne, et couvrent la quasi-totalité du South East ; à l'opposé les TTWA du South West ont une population à dominante plus âgée (supérieure à 40 ans). À noter cependant, deux TTWA particulières localisées sur le littoral : celle de Portsmouth et celle de Plymouth, toutes deux correspondent à des unités urbaines accueillant des arsenaux et des installations de la Royal Navy, ainsi que des secteurs d'activités comme l'électronique. Elles regroupent une population active plus jeune et plus nombreuse que les autres unités urbaines du littoral, dont la taille est moins importante et qui sont vouées essentiellement au tourisme. Ces dernières accueillent un nombre important de personnes âgées (type Poole, Bournemouth).

En France, la situation est inverse : les zones démographiques les plus dynamiques couvrent les 2/3 des régions appartenant à la zone transmanche. Nous sommes en présence de régions jeunes démographiquement, c'est un trait constant depuis plusieurs décennies dans l'ensemble français comme européen. Cependant, on peut observer quelques zones d'emploi où les classes d'âge les plus âgées sont dominantes : il s'agit essentiellement des zones rurales, l'Orne, le centre Bretagne, la Sarthe, la partie occidentale du littoral de la Manche, et deux zones esseulées, au Nord du Havre et dans l'estuaire de la Somme. Là encore, il s'agit de zones d'emploi accueillant des stations balnéaires : Saint-Valéry-sur-Somme en Picardie, et Fécamp.

On retrouve ce phénomène lié à la localisation géographique en Bretagne : les littoraux bretons accueillent une population à dominante plus âgée. On peut également remarquer que la région brestoise, tout comme la région cherbourgeoise affichent des profils jeunes : il s'agit là encore, de zones d'emploi accueillant des arsenaux, des installations militaires et des activités induites.

Ce type de classification et l'échelle d'observation retenue mettent en évidence deux situations : une opposition entre les deux rives de la Manche, dont la netteté se brouille quelque peu dès lors que l'on observe les profils démographiques des littoraux et ceux de la zone d'influence respective des deux métropoles nationales, Londres et Paris.

Ce type de classification permet d'affiner la première lecture des structures démographiques des zones d'emploi françaises et britanniques réalisée précédemment. Six classes sont individualisées et correspondent à des profils bien distincts. Pour faciliter la lecture, les profils et leur localisation géographique seront analysés un par un.

• Le type 1 : il correspond à une situation démographique où dominent deux classes d'âges : les plus jeunes (entre 0 et 20 ans) et les classes d'âge entre 30 et 50 ans : on peut schématiser en disant qu'il s'agit des parents et de leurs enfants. Ce type de profil se retrouve à une exception près uniquement en France. Il s'agit dans ce cas de zones d'emploi situées à proximité de la Région parisienne ou bien de la zone d'emploi de Paris elle-même. Cadre de vie plus agréable, possibilité d'accession à la propriété, réseau de transports performant expliquent la localisation en périphérie de la région Île-de-France. La capitale accueille également ce type de classes d'âge pour des raisons professionnelles et estudiantines.

• Le type 2 : la seconde classe correspond à une variante de la précédente : les classes d'âges jeunes sont toujours prépondérantes, mais elles sont associées aux 30-40 ans. Ce type n'est présent qu'en France, il couvre un tiers des zones d'emploi françaises de la zone transmanche. Toutes se situent dans l'aire d'influence de grandes unités urbaines dont elles dessinent la périphérie, à quelques exceptions près (Brest et Lorient). Elles correspondent à l'aspiration urbaine des jeunes actifs.

• Le type 3 : dominant en France, il ne se retrouve pas en Angleterre. Il correspond aux zones rurales : les classes d'âge dominantes se situent entre 10 et 20 ans, 50-70 ans et 80 et plus.

• Le type 4 : il individualise une à une les principales zones d'emploi accueillant des unités urbaines importantes en France et on le retrouve dans la majeure partie du South East en Angleterre, mais aussi à Portsmouth et Plymouth. Les classes d'âge les plus représentées sont celles âgées de 20 à 50 ans, correspondant aux classes d'âges actives.

• Le type 5 : il correspond aux zones d'emploi affichant un vieillissement de leurs structures démographiques. Les classes d'âges les plus représentées sont celles des plus de 60 ans, avec une croissance progressive plus on avance dans l'échelle des âges. Elles couvrent une grande partie du Sud anglais. Ce type accentué est présent uniquement en France, dans les Côtes-d'Armor à proximité de Perros-Guirec.

• Le type 6 : variante de la précédente, il correspond à un vieillissement plus important, les classes d'âges âgées dépassant largement le seuil de référence. On le retrouve dans le centre Bretagne (région des monts d'Arrée et des montagnes Noires) et sur la frange littorale du sud britannique. On peut ainsi individualiser des stations balnéaires, lieux de concentration des retraités britanniques : Poole, Bournemouth, Brighton, Exeter, Torquay, et plus à l'Est, Hastings.