L'énergie, facteur d'intégration économique
Christian Fleury
Le câble installé en 1985 entre Surville et St-Catherine Bay d'une capacité de 55 KW, alimente, pour une part grandissante, l'île de Jersey. Investissement lourd – 20 M£ totalement financé par l'île – il a assuré entre 1985 et 1994 près de la moitié des besoins insulaires, avec des pointes à 85 %. Depuis 1994, les fournitures d'EDF ont encore progressé. En 1997, elles ont représenté 2,33 % de la production de la centrale de Flamanville.
Si la proximité de la centrale nucléaire de Flamanville, et d'ailleurs des établissements de la COGEMA à la Hague, suscite des inquiétudes récurrentes de la part des Anglo-Normands, elle présente aussi à leurs yeux de sérieux avantages. Quiconque a abordé Jersey par le port de St-Hélier n'a pu échapper au spectacle de la centrale thermique de la Jersey Electric Company, plantée au cœur du secteur urbanisé et dont la cheminée toujours en activité constitue un repère encombrant dans le paysage qui s'offre au visiteur. Comme son homologue de La Collette, cette installation vieillissante est peu compatible avec la qualité environnementale dont se flatte la communauté insulaire. La fourniture d'une énergie pouvant, selon ce type de comparaison, être considérée comme « propre » permet à Jersey de satisfaire aux critères de la Convention de Rio en économisant le rejet de quelques 500 000 tonnes de CO2 dans l'atmosphère. En outre, les deux partenaires commerciaux trouvent leur compte puisque, EDF, en écoulant de cette manière ses surplus d'électricité, production par essence non stockable, fait bénéficier son client de tarifs très avantageux, dont le montant est d'ailleurs frappé du sceau de la confidentialité.
La fiabilité et la simplicité de la filière énergétique acheminée par câble sont les autres éléments justifiant son développement. Un projet a vu le jour en 1996. Il consiste à doubler le câble existant. Cette opération, qui tarde cependant à se concrétiser, est envisagée en association avec Guernesey.
Cette extension, d'un coût approximatif de 50 millions de livres, met en lumière la complexité des relations entre les deux bailliages. Si l'intérêt des Guernesiais, pour les mêmes raisons que leurs voisins, milite pour sa réalisation, il semble bien que le passage par Jersey du câble qui devrait les alimenter suscite des réticences. Ce problème de la dépendance, vis-à-vis de Jersey mais également de la France est un frein à la mise en œuvre d'une opération par ailleurs parfaitement justifiable d'un point de vue économique et environnemental. Jersey, quoiqu'il arrive, maintiendra en état de service ses deux centrales thermiques pour ne pas dépendre de façon irréversible du voisin continental.
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