Produit Intérieur brut et structure des activités
Christian Fleury
Cette carte est à mettre en relation avec le fort taux d'activité de la population insulaire dont le PIB par habitant peut atteindre, comme à Jersey, le double de celui du département de la Manche. La structure des activités montre la situation avancée des îles Anglo-Normandes en matière de mutation économique. La contribution sectorielle au PIB l'exprime également. Finances et investissements privés en représentent environ 80 %. En ajoutant le tourisme, autre activité tertiaire, nous atteignons 90 %.
Ces données expriment une forte dématérialisation de l'économie insulaire. Agriculture et tourisme, qui ont successivement dominé l'économie des îles stagnent ou déclinent, en tout cas régressent de façon spectaculaire relativement aux activités financières. Dans le secteur primaire, certaines productions, comme la pomme de terre dite Jersey Royals, se maintiennent voire se développent encore. À côté de cela, la tomate, culture emblématique à Guernesey s'est effondrée, passant d'un chiffre d'affaires de 20 millions de livres en 1981 à 2,5 en 1993.
La composante insulaire allie dynamisme économique et pressions démographique et foncière alors que du côté normand, l'espace ne manque pas. La tentation est forte d'envisager la complémentarité en évoquant une délocalisation de certaines activités financières sur le continent. Mais les obstacles de toute nature – fiscale, juridique, logistique, linguistique – rendent peu crédible cette vision incantatoire du voisinage. De fait, il semble que, pour répondre à ces préoccupations spatiales réelles, les autorités compétentes adoptent plutôt le principe de la « préférence nationale » en faisant déborder les activités du secteur financier sur la côte sud de l'Angleterre.
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