Pression démographique et foncière
Christian Fleury
L'exiguïté du territoire et le dynamisme démographique se traduisent évidemment par une densité élevée. Elle atteint 724 habitants au km2 à Jersey et 933 à Guernesey. Les paroisses les moins densément peuplées – respectivement Trinity et Torteval – atteignent tout de même des valeurs de 215 et 308 alors que les deux capitales, St-Peter-Port et St-Helier affichent 2 491 et 3 200. Signalons que la paroisse, unité administrative de base, ne jouit pas des mêmes compétences que les communes françaises : son principal domaine d'intervention est d'ordre social. Des attributions telles que l'éducation, la santé, la lutte contre l'incendie ou les travaux publics sont dévolues au niveau supérieur, celui du bailiwick.
La distribution de la population s'établit selon un gradient bien lisible à Guernesey : population et densité décroissent en fonction de l'éloignement à la capitale. Ce modèle se retrouve grosso modo à Jersey.
La forte pression démographique, due prioritairement au solde migratoire, constitue le problème majeur de la gestion de l'espace insulaire. La nécessité d'endiguer un phénomène lié aux tropismes aussi divers que la fiscalité et la qualité de la vie justifie de la part des autorités des deux bailiwicks une politique d'immigration sur mesure. Les dispositions légales dont elles se sont dotées leur permettent d'actionner à volonté le « robinet législatif » régulant les flux. Au-delà des nuances de mise dans ces terres jalouses de leur indépendance, Jersey et Guernesey ont adopté en direction des postulants-résidents le même type de « chicanes » :
- Obligation d'avoir travaillé de nombreuses années sur l'île (quinze ans à Guernesey) avant d'y acquérir un statut de résident permanent. Le droit au travail est soumis à de strictes obligations en termes d'intérêt pour les communautés insulaires. L'accession à la propriété ou à la location permanente sont assujetties à l'obtention d'un tel emploi.
- Mariage avec un(e) ressortissant(e).
Le postulant peut s'affranchir de ces exigences s'il justifie de revenus très élevés dégagés sur l'île. À Guernesey, cette exigence est de un million de livres par an. Sur cette île, il existe un double marché de l'immobilier de nature à limiter par le haut la surface financière des prétendants. Les propositions du marché externe qui leur est réservé sont en moyenne quatre fois et demi supérieures à celles du marché interne destiné aux ressortissants guernesiais.
Ce graphique montre une stabilité des natifs de Jersey. L'anglicisation a été accélérée par l'apport massif de population native des îles britanniques. La présence des personnes nées en France est désormais marginale puisqu'elle ne représente plus qu'un peu plus de 1 % du total contre plus de 10 % il y a un siècle. Enfin, on peut noter l'afflux de Portugais, d'ailleurs majoritairement originaire d'une autre île, Madère. Ils occupent essentiellement les emplois les moins bien rétribués, dans l'agriculture et la restauration.
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