Anglo-Normandes : les jumelages (1996)


Christian Fleury

Les jumelages entre paroisses et communes

Les binômes qui figurent sur cette carte ont été répertoriés, hormis le récent jumelage Montmartin/St-Martin, par le très exhaustif rapport du Conseil Économique et Social Régional datant de 1994. Ce document faisait le point, entre autres, sur les relations culturelles au sens large entre les îles et le région Basse-Normandie. Les jumelages entre paroisses et communes, vivement souhaités par le Conseil Général de la Manche en constituent le support naturel, destiné à institutionnaliser des relations amicales mais, dans l'esprit ses promoteurs normands, ont aussi pour mission de jeter les bases de coopérations à caractère économique.

L'impression que l'on ressent à l'examen des modalités de fonctionnement de ces couples est mitigée. Chaque association développe sa propre approche en fonction de la qualité relationnelle qui s'instaure entre les individus, mais la tonalité générale qui domine est tout de même encore une fois le déséquilibre de motivation. Les Normands sont très demandeurs alors que les motivations insulaires fluctuent souvent au gré de la personnalité du Connétable, équivalent du Maire pour les paroisses. Ceci conduit à une large palette de relations, qui va du jumelage moribond à celui qui développe des relations étoffées en passant par les associations « qui fonctionnent correctement mais qui pourraient fonctionner mieux », celles-ci étant en définitive les plus nombreuses.

Le fonctionnement des échanges scolaires se heurte à la réticence des familles anglo-normandes à envoyer leurs enfants dans des familles françaises. Pour cette raison notamment, les jumelages ne servent que rarement (Longues-St-Mary est un exemple a contrario) de support à des échanges réciproques d'élèves.

Selon l'Inspection académique de la Manche, au cours de l'année scolaire 1995/1996, six collèges du département ont envoyé 393 élèves dans les îles Anglo-Normandes pour des séjours de un à huit jours. Pour l'année suivante, les chiffres étaient respectivement de sept établissements et 424 élèves. Il est intéressant de constater, qu'au cours de ces deux années, un seul établissement anglo-normand, en l'occurrence Les Beaucamps Secondary School à Castel (Guernesey) s'est déplacé dans le cadre d'un échange avec le collège Jean Grémillon de St-Clair-sur-Elle. En outre, des statistiques émanant du States Education Council font état de deux autres échanges, l'un en Côtes-d'Armor, l'autre en Ille-et-Vilaine. Ceci dénote, ainsi que des informations plus fragmentaires à propos de Jersey, un intérêt très relatif de la part des communautés éducatives insulaires pour des relations que l'on pourrait estimer devoir être fructueuses d'un point de vue linguistique notamment, pour leurs enfants.

On pourrait à l'envie appliquer ces considérations aux différents domaines associatifs dans les champs culturel ou sportif : les volontés existent, surtout du côté continental, d'institutionnaliser les relations, avec plus ou moins d'arrière-pensées commerciales. Ces aspirations sont plus ou moins relayées sur les îles. Elles seront de toute façon contrariées tant que les liaisons aériennes et maritimes seront aussi médiocres et imposeront le détour par St-Malo...

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