La plaisance dans le golfe normand-breton
Christian Fleury
Le golfe normand-breton constitue un bassin de croisière de première qualité. Bien abrité de la houle dominante par les îles Anglo-Normandes, les multiples cailloux, archipels (Chausey, Minquiers, Écréhous) constituent un espace maritime ouvert à une navigation difficile et passionnante. Le skipper néo-zélandais Dennis Conner déclarait d'ailleurs à l'été 1996 lors d'une escale du Tour de l'Europe à Guernesey qu'il connaissait peu d'endroits au monde où la force des courants de marée et l'omniprésence de cailloux rendait la navigation aussi exigeante que dans ce secteur. Les îles – qui plus est étrangères voire « étranges », comme Sercq et ses survivances féodales – en tant que but de croisière s'avèrent un atout de choix qui a fortement contribué, pour les ports riverains et en tout premier lieu Granville et Saint-Malo, au dynamisme de la filière voile, secteur économique désormais majeur pour les sites concernés. Tous les ports, hormis Diélette, en voie d'achèvement, sont saturés. Il faut signaler que cela n'est pas forcément le cas dans les secteurs, baie de Seine et Bretagne Nord, qui encadrent le golfe normand-breton (Fleury, 1996). À Granville, une liste d'attente de plus de dix ans justifie à court terme une extension d'environ six cents places, ce qui en fera le plus grand port de plaisance de tout le littoral continental de la mer de la Manche. La présence dans ce port du plus gros loueur français propriétaire de sa flottille montre l'attractivité du site. La combinaison île/frontière, que l'on ne rencontre nulle part ailleurs sur le littoral continental français, suscite un intérêt exprimé dans une enquête dans laquelle, en tête des motivations pour venir louer un voilier à Granville, figurait largement en tête l'atout que constituent les îles qu'un week-end suffit à atteindre.
Attrait de îles anglo-normandes | 59,62 |
Proximité du lieu d'habitation | 37,28 |
Beauté du site | 22,03 |
Navigation particulière | 16,94 |
Facilités des transports | 6,77 |
Autres | 16,94 |
Si les plaisanciers anglo-normands représentent un flux non négligeable vers le continent, c'est dans l'autre sens, vers les îles, que s'exprime un aspect positif de l'ambivalence frontalière dans le golfe normand-breton. Les statistiques insulaires montrent qu'un bateau de plaisance transporte une moyenne de quatre à cinq personnes, ce qui conduit à estimer à environ 35 000 le nombre de plaisanciers français s'étant rendus en 1997 à Jersey ou à Guernesey.
Haut